Blog — Ventus Spei Association

L'arbre de vie

Ce matin, en me rendant à la pharmacie, j'ai aperçu le théâtre municipale Sucre, du nom de la province où nous nous trouvons. J'ai cru un instant que l'édifice avait bien résisté au séisme et me suis réjouis que les habitants puissent rapidement se retrouver réunis ici pour se distraire un peu du cauchemar qu'ils vivent quotidiennement; le pharmacien m'a invité à faire le tour du pâté pendant qu'il préparait ma commande.

De retour, il m'a dit: "Nous avons tenu à conserver le palmier qui poussait dans la cour intérieure; je voulais juste vous montrer combien nous en sommes fiers." Et j'ai repenser au livre L'homme qui plantait des arbres de Jean Giono et du commentaire qu'en faisait Frédéric Back dans son court-métrage qui a gagné un Oscar en 1988: "Cette cathédrale vivante nous aide à mieux comprendre les multiples bienfaits des arbres: intermédiaires entre le ciel et la terre, capteurs solaires et créateurs de sols féconds, gardiens de l'eau et symbole de pérennité."

 

 

Hôpital de campagne

L'hôpital de Bahía a été partiellement détruit par le tremblement de terre du 16 avril dernier, réduisant considérablement sa capacité d'accueil et quasi à néant celle de pratiquer des opérations complexes; pour celà, il faut se rendre à Guayaquil, voire à Quito, respectivement à plus de cinq heures et huit heures de routes. Il était donc urgent de trouver des relais hospitaliers pour servir les populations décentrées.

L'école de Sathya Sai a rapidement mis sur pied un petit dispensaire, grâce à la générosité de nombreux donateurs et au concours de multiples bénévoles; infirmiers et médecins se relaient sans relâche depuis deux mois pour soigner les enfants et leurs parents et plus largement tous les habitants du quartier qui le souhaitent.

Mais nous manquons cruellement de médicaments, notamment des antibiotiques et des anti-parasites pour les enfants. Nous faisons une nouvelle fois appel à votre générosité afin de pouvoir acheter ces médicaments le plus rapidement possible. Toutes les coordonnées utiles se trouvent sur notre page Donate. D'avance merci !

Le Dr Abel Gilbert, de Guayaquil, donnait aujourd'hui un coup de main, assisté de David Madden, un infirmier américain qui visitait le coin il y a deux mois et qui ne s'est pas encore décidé à le quitter ! Vous les apercevrez dans le diaporama, en compagnie de leurs patients qui attendent sous les palmiers. Pas moins de 53 personnes ont été traitées aujourd'hui.

Levée de fonds: objectif CHF 1'000.-

Antoine Lavoisier écrivait en 1789 dans son Traité élémentaire de chimie: "Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme." Ici, rien ne se perd et tout se recycle ! Dans cet esprit, nous avons créé la lampe "Bahía"en utilisant des chutes de bois de moral des nouveaux piliers des avant-toits des classes primaires qu'il fallait changer urgemment. Le moral est un bois dur provenant des forêts équatoriennes; jaune fraichement coupé, il prendra une teinte café au fil des années.

En achetant notre lampe au prix de CHF 130.-, vous nous permettrez de lever les fonds nécessaires pour finir les travaux afin de garantir la sécurité de nos petits bout de choux ! D'avance nous vous remercions de votre soutien et de votre générosité.

Le diaporama ci-dessous montre les travaux en cours dans l'école et la fabrication des lampes. Elles seront assemblées à la main en Suisse dès le mois d'août. Au choix, plusieurs couleurs pour les abat-jours, les fils et les douilles.

Formulaire de souscription

Si vous souhaitez réserver une lampe, envoyez-nous simplement votre adresse e-mail et nous prendrons contact avec vous.

Miguelito

Il n'y a pas que les hommes ici qui ont perdu leur maison; beaucoup d'animaux aussi se sont retrouvés sans abris le 16 avril dernier. Bien qu'il porte la sienne sur son dos, c'est le cas de Miguelito, une tortue mâle de 150 kg qui fêtera ses cent ans en 2020. Originaire des Îles Galápagos, Miguelito était jusque là hébergé dans l'école mixte Miguel Valverde à Bahía de Caraquez. Depuis que son école a été détruite, Miguelito a déménagé à Saiananda, chez Alfredo, vers qui les enfants se sont naturellement tourné; ici il y est traité comme un roi, engloutissant quotidiennement plus de 3 kg de fruits et légumes frais.

Miguelito est donc arrivé à Bahía de Caráquez en 1920 dans les valises d'un descendant du Général Jose de Villamil, né en Louisiane en 1788 puis devenu héros national en Equateur (1). Après avoir été transbahuté de maison en maison puis perdu et donné pour mort, Miguelito a réapparu sur une plage dans les années 30 et été de suite adopté par les enfants de l'école Miguel Valverde qui l'ont baptisé du nom de son fondateur. Certains ont alors pensé, à tord, que cette tortue avait pu parcourir mille kilomètres avant de s'échouer sur les côtes; Miguelito n'avait, en fait, jamais quitté la terre ferme !

Il est depuis devenu la mascotte de la ville. Si vous passé par Bahía, n'hésitez pas à venir le saluer, Alfredo vous ouvrira toujours avec plaisir ses portes. Et si vous souhaitez passer plus de temps en sa compagnie, vous pourrez séjourner dans ce petit paradis qui l'héberge désormais.

1. El Secreto del paraíso, los misterios de la Costa del Pacifico de Ecuador.

Atelier Caran d'Ache

Ce matin j'ai porté à l'école 10kg de crayons de couleur offerts par la maison Caran d'Ache de Genève. Les enfants n'avaient jamais vu autant de couleurs différentes et n'imaginaient pas qu'il puisse en exister autant. Et elles n'y étaient pas toutes ! Alors je leur ai promis que je leur apporterai la grande boite contenant toutes les teintes lors de mon prochain voyage.

Pour ranger les crayons, des pots à fleur feront l'affaire ! Chaque classe a reçu son lot. Pour être certain que chacun puisse profiter pleinement de toute la gamme de couleur, les tous petits ont méticuleusement classé, compté, réparti puis distribué ce trésor.

Merci Caran d'Ache ! 

Cliquez sur la photo pour visionner le diaporama et sur la vidéo ci-dessous pour voir le film.

Intermède musical

Même si les enfants de l'école ne disposent pas (encore !) d'une salle de musique, chacun a fait ses gammes depuis la rentrée et décrypté la première partition de l'année, les uns sous le préau couvert, les autres à l'ombre d'un palmier. Aujourd'hui, clarinettes, saxophones, violons et piano répétaient pour la première fois tous ensemble, accompagnés par leur professeur à la batterie ! Je vous laisse découvrir un petit extrait de cette répétition...

Le poids des mots

Les mots justes trouvés au bon moment sont de l’action.
— Hannah Arendt

Les bienfaits de l'écriture thérapeutique sur la santé ont été largement étudiés et démontrés depuis bientôt une trentaine d'années grâce, notamment, aux travaux du professeur et psychologue James W. Pennebaker. Afin de pouvoir aider les enfants de l'école Sathya Sai à surmonter leurs peurs, quelques enseignants se sont prêtés avec joie à l'exercice avec, à la clé, des textes poignants. 

Celui d'Estrella Ferrin, Directrice de l'école, a particulièrement retenu notre attention; car au-delà des mots et de leur force, la ponctuation dans son récit est quasi inexistante. Comme si les virgules auraient pu ralentir son élan, les points le stopper pour de bon; une écriture d'un trait, en apnée, tel un hurlement qui n'en fini plus.

L'exercice, selon les spécialistes, est salutaire l'écriture permettant de dépasser les épreuves de la vie, de transcender les peurs et au final de penser et de réfléchir autrement. Enfouis dans l'inconscient, les mots couchés sur le papier offrent une perpective nouvelle des évènements du passé, aussi violents fussent-ils.

Demain, ce seront d'autres enfants qui se prêteront à cet exercice difficile mais salvateur. Nous ne manquerons pas de vous présenter, dans un prochain blog, les fruits de leurs réflexions.

Un grand merci à Estrella qui a accepté sans hésiter de partager son texte avec nous.

Estrella Ferrin, 22 mai 2016

Estrella Ferrin, 22 mai 2016

La Capilla del km 8

La Chapelle du kilomètre 8, comme son nom l’indique, se situe à 8 km du centre de Bahía de Caráquez mais à quelques encablures seulement de l’école Sathya Sai. Ici, le tremblement de terre l’a emporté haut la main. Une pelle mécanique est apparue discrètement hier matin pour achever pour de bon son travail.

Certains fidèles, comme pour conjurer le sort, s’acharnaient encore à vouloir trouver une explication rationnelle au drame: « Le sable du béton provenait de la plage et contenait du sel qui a, petit à petit, dévoré l’armature métallique de la structure; on s’est encore fait avoir par un entrepreneur peu scrupuleux. D’autres, plus philosophes, y voyait la main de Dieu: « Il a préféré sacrifier sa maison que celle des enfants en face, il a bien fait au fond! ». L’important, dans l’histoire, reste que le temple était vide au moment du drame.

Entre chaque coup de pelle, un couple de paroissiens s’affairait, au risque de leur vie, à récupérer tout ce qui servira à reconstruire leur prochain lieu de culte: des portes et fenêtres aux vitraux en passant par toutes les poutres de bois et d'acier qui surgissaient de temps à autres des décombres. Ici tout se recycle, jusqu’à-la plus petite des chevilles.

Puis une lueur d’espoir est apparue dans les yeux d’un vieil homme qui n’avait prononcé aucun mot jusque là: « Demain, cette pelle mécanique retournera à Bahía, non plus pour détruire mais pour commencer à rebâtir notre ville, enfin. »

Cliquez sur la photo pour visionner le diaporama.

Sathia Say

Après des semaines d'attente interminable, l’école a repris ses droits. Le bonheur et la joie liés à cette rentrée scolaire si particulière se lisent sur chaque visage que je croise depuis mon arrivée. Les enfants ont retrouvé ici leurs repères, leurs chers professeurs et leurs camarades; sans oublier Alfredo qui n’a pas hésité, une nouvelle fois, à retrousser ses manches pour assurer la seizième rentrée scolaire de l’école Sathya Sai; Alfredo que tous ici appellent affectueusement « tío » (oncle). Lui aussi semble avoir retrouvé ses repères et, Dieu merci, toutes ses petites brebis saines et sauves.

Si l’ensemble des bâtiments a pu être sécurisé pour cette rentrée scolaire, il reste encore beaucoup à faire. Un mur par-ci, un coup de peinture par-là, un avant toit à consolider, quelques tuiles et de nombreuses vitres fendues à changer. Professeurs et élèves travailleront encore quelques temps en musique, aux sons des scies circulaires, des marteaux piqueurs et du balais incessant des fourgonnettes de livraison; ponctués, de temps à autres, par celui des violons, des flûtes et des trompettes; l’orchestre aussi est sorti du silence.

Mais qu’importe ces quelques désagréments lorsqu’on a survécu à un tel séisme et à ses nombreuses répliques. L’école, enfin, a rouvert ses portes!

Merci tío.

Cliquez sur la photo pour visionner le diaporama.

Pablo Neruda

Terremoto*

Desperté cuando la tierra de los sueños faltó bajo mi cama.

Una columna ciega de ceniza se tambaleaba en medio

de la noche,

yo te pregunto: he muerto?

Dame la mano en esta ruptura del planeta

mientras la cicatriz del cielo morado se hace estrella.

Ay!, pero recuerdo, dónde están?, dónde están?

Por qué hierve la tierra llenándose de muerte?

Oh máscaras bajo las viviendas arrolladas, sonrisas

que no alcanzaron el espanto, seres despedazados

bajo las vigas, cubiertos por la noche.

Y hoy amaneces, oh día azul, vestido

para un baile, con tu cola de oro

sobre el mar apagado de los escombros, ígneo

buscando el rostro perdido de los insepultos.


Click on the picture below to view the slideshow

* Terremoto (Earthquake) is a poem from the book Canto General (General Song), published in 1950 by Pablo Neruda.

Earthquake

I awoke when the ground of dreams gave way
beneath my bed.
A blind column of ash was staggering in the middle
of the night,
                 I ask you: have I died?
Give me your hand in this rupture of the planet
while the wound of the bruised sky makes stars.
Aye!, but memories, where are they?, where are they?
Why does the earth boil, filling with death?
Oh, masks under curled dwellings, smiles
that fright had not yet reached, beings torn
under the beams, covered by the night.

And today you dawn, oh blue day, dressed
for a dance, with your golden queue
on the subdued sea of debris, fiery,
looking for the lost faces of the unburied ones.

Translated by Caleb Beissert.

Los Pechiches

Alfredo (1) gathered a team this morning of a dozen children from 10th grade (14 & 15 years old) accompanied by two teachers to distribute water filters to a rural community up in the mountains. Los Pechiches is located 15 km away from Bahía de Caráquez; yet it takes about 40 minutes to reach by car as the roads are very bumpy. This village gets its name from a black sweet fruit that grows on the coast of Ecuador. The earthquake wiped its church and damaged many houses; some villages have been sleeping in temporary shelters since. 

The mission was to distribute 25 water filters to the villagers who have difficulties in accessing clean water since the earthquake hit them in April. These filters were donated by Waves for Water (2); thanks to this wonderful organization, Alfredo and his students have distributed more than 300 kits so far. This revolutionary technology allows to clean one million gallons of water with a single device. The only constraint is that it must be kept clean to work properly; reason why Alfredo taught the villagers how to use it for close to two hours !

As shown in the slideshow here below, mattresses were also distributed to villagers, alongside toys, food and drinks.


Click on the image below to view the slideshow

(1) Alfredo Harmsen is an Executive Director of the Sri Sathya Sai Baba Foundation which runs Sathya Sai's School.

(2) http://www.wavesforwater.org/project/ecuador

Remembering 16 April

On 16 April 2016, a 7,8 magnitude earthquake (1) rattled the western coast of Ecuador, killing more than 650 people, injuring more than 16'000 and leaving some 25'000 people homeless (2).

As seen on the map below (3), the epicenter of this devastating earthquake was less than 150 km away from Sathia Say school in Bahía de Caráquez. Despite the very strong intensity recorded there, not a single child was injured. Damages to roads, bridges and houses, on the other hand, were huge.

With pictures and testimonies, we will guide you through this beautiful region of Ecuador during our field trip; we will show you the work in progress and, more importantly, the challenges ahead. We wish to thank our donors here for their ongoing support and generosity.

Please do not hesitate to post any comment or question you may have and we will try to address it as best as we can.